Lyn Radford s’est impliquée pendant des décennies dans le sport albertain avant de devenir la présidente de la Société hôtesse des Jeux d’hiver du Canada 2019.
Depuis, elle s’est jointe au conseil d’administration du Conseil des Jeux du Canada (CJC). Elle y apporte le point de vue des sociétés hôtesses et son héritage métis-cri.
Se décrivant comme une « créatrice de solutions », Radford est progressivement passée de la participation à l’administration sportive après la naissance de son premier enfant.
« J’ai réellement commencé quand nous sommes déménagés à Red Deer en 1986, raconte-t-elle. Au gré de la pratique sportive de mes enfants, je découvrais de nouveaux horizons : je constatais des lacunes, des problèmes – appelez ça comme vous voulez – dans l’organisation des sports. J’ai voulu arranger ces choses-là. »
À l’occasion d’un de ses premiers grands projets, Radford s’est mise au service des gymnastes de Red Deer. À l’époque, explique-t-elle, les jeunes s’entraînaient dans un entrepôt. Pas tout à fait propice à la formation d’athlètes de haut niveau.
Elle a compris qu’il fallait faire quelque chose quand elle a remarqué que les gymnastes, au cœur du glacial hiver albertain, devaient courir à partir du stationnement et à travers une porte ouverte afin d’atteindre la vitesse requise pour réussir leurs culbutes.
Après avoir rencontré des représentants de la Ville, elle a donc dirigé le projet qui a mené à la construction du Centre Collicutt, où les gymnastes s’exercent encore aujourd’hui.
« Après une telle réussite, on commence à comprendre que quiconque peut mobiliser et motiver une équipe peut accomplir de grandes choses. Mais, comme on le sait trop bien, une seule personne ne peut pas tout faire. Une idée ne suffit pas : il faut gagner l’adhésion d’autres personnes et les persuader que l’idée va profiter au plus grand nombre. »
De la gymnastique aux événements multisports, Radford a travaillé pour les Jeux d’hiver de l’Alberta en 1998 (à Red Deer), avant de présider ces mêmes Jeux en 2006. Déjà bien au fait du pouvoir transformateur du sport, elle a vu tout Red Deer prendre conscience des retombées communautaires et financières des événements sportifs.
Quand l’Alberta a été choisie pour accueillir les Jeux d’hiver du Canada en 2019, Radford avait simplement l’intention d’amener les Jeux dans sa ville, puis de se retirer. Mais, comme elle était désormais reconnue pour organiser des événements réussis tout en respectant les budgets, les gens l’ont encouragée à piloter le projet jusqu’au bout.
« Je croyais fermement que notre ville était prête, et nous avions besoin de ça. Je n’avais aucunement l’intention d’être la présidente, mais pour le meilleur et pour le pire, c’était devenu mon bébé. »
Pour Radford, outre le fait de voir toute la communauté – sport, culture, justice sociale, etc. – se rassembler pour mettre la main à la pâte et récolter les fruits de son travail, l’un des aspects les plus gratifiants des Jeux a été de voir les jeunes membres du personnel accumuler de l’expérience et devenir des meneurs, à Red Deer mais aussi dans les sociétés hôtesses subséquentes.
À l’été 2023, quelques mois après avoir assisté aux Jeux d’hiver du Canada à l’Île-du-Prince-Édouard en tant qu’administratrice du CJC et renoué avec certains collègues de 2019, elle est retournée sur la côte est pour encourager quatre de ses petits-enfants aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord (JAAN), à Kjipuktuk (Halifax).
Selon elle, les Jeux du Canada auraient beaucoup à apprendre des JAAN, où la culture fait partie intégrante de l’événement, du début à la fin. Par exemple, aux JAAN 2023, chaque site sportif était doté d’un espace de purification.
« Ce pourrait être aussi simple que ça. Nous pourrions ainsi expliquer aux autres cultures ce qu’est la purification, tout en permettant aux participants autochtones de pratiquer l’un de leurs rites. »
Outre le calibre de la compétition, l’intégration culturelle est un aspect des JAAN qui a impressionné Radford. Elle croit que les Jeux du Canada devraient s’inspirer de ce modèle et inclure, de manière authentique, des pratiques autochtones.
« Je pense honnêtement que nous devrions remettre des plumes d’aigle, ou un autre objet symbolique, aux médaillés qui s’identifient comme Autochtones. Cela rappellerait implicitement aux autres participants que nous avons à cœur la vérité et la réconciliation, et que les Jeux du Canada y travaillent concrètement. »
Forte de son expérience au sein d’une société hôtesse, Radford est persuadée qu’avec une bonne préparation, ces gestes peuvent être mis en place sans hausse des dépenses. Justement, c’est entre autres pour faire valoir ces idées tôt dans le cycle de vie des Jeux – dès la constitution de la société hôtesse – qu’elle voulait siéger au conseil du CJC.
« Une autre nouveauté judicieuse serait de faire remettre les médailles par des aînés autochtones. Toutes ces choses sont faciles à instaurer, pas vrai? Il y aurait moyen de les mettre en place à peu de frais, avec discrétion et modération, mais avec respect. »
Radford entend donc insister sur l’importance de célébrer les traditions autochtones locales sur une scène nationale comme celle des Jeux du Canada. Mais elle connaît également les contraintes budgétaires des sociétés hôtesses et du CJC, ce qui l’amène à faire des suggestions réalistes et pratiques.
« Je suis heureuse de pouvoir apporter ma contribution au conseil d’administration. De mon point de vue autochtone, je guide le conseil sur le sentier de la vérité et de la réconciliation. Je sais que nos budgets sont limités. Mais, comme je l’ai expliqué, il y a moyen d’avancer. »